[dropcap]E[/dropcap]n scrollant vos fils d’actualité entre hier, mardi 2 juin, et aujourd’hui, vous êtes surement tombé sur des publications qui, selon vous, ne s’affichaient pas. Des carrés noirs, avec juste un hashtag. Ne souhaitez pas la mort à votre fournisseur d’internet, car pour une fois ce n’est pas de sa faute. Il s’agit bien d’une photo noire, on vous explique le pourquoi du comment.
A l’origine des faits
Tout a commencé dans un pays fort lointain répondant au doux nom des Etats Unis d’Amérique. Lors d’une interpellation policière, un homme noir est tué par un policier blanc. La scène est filmée par des passants et fait le tour des réseaux et médias sociaux dans le monde entier.
Cette énième bavure de la police étasunienne entraîne rapidement des manifestations et des émeutes dans plusieurs métropoles du pays. Le hashtags #BlackLivesMatter devient alors top trend mondiale.
L’indignation de cette mort injuste a poussé l’industrie musicale à lancer le mouvement #BlackOutTuesday. Jamila Thomas, directrice marketing chez Atlantic Recordings, et Brianna Agyemang, l’une des dirigeantes du label Platoon, ont créé le hashtag, et des milliers d’images noires ont inondé les réseaux sociaux.
La marque Nike a même réagit en changeant son slogan de » Just do it » à « Don’t do it », dans un tweet qui a été repris par Adidas.
Together is how we move forward.
Together is how we make change. https://t.co/U1nmvMhxB2— adidas (@adidas) May 30, 2020
Le couac des réseaux sociaux
Toute cette solidarité est louable mais a malgré elle démontré une fois de plus les limites des réseaux sociaux. La déferlante de messages incluant #BlackLivesMatter a déclenché un système anti-spam sur Instagram. Manque de peau, la plateforme bloque automatiquement les posts contenant le hashtag.
L’entreprise s’est expriméé sur Twitter : “Nous sommes conscients que certaines personnes tombent pour de mauvaises raisons sur des messages ‘action bloquée’ lors de l’utilisation du hashtag #blacklivesmatter ou du partage de messages associé. Nous avons une technologie qui détecte une activité en augmentation rapide sur Instagram pour aider à lutter contre le spam. Étant donné l’augmentation du contenu partagé sur #blacklivesmatter, cette technologie s’est mise en route de manière inappropriée. Nous résolvons ce problème aussi rapidement que possible et examinons un problème distinct concernant l’enregistrement des stories.”
2/ Given the increase in content shared to #blacklivesmatter, this technology is incorrectly coming into effect. We are resolving this issue as quickly as we can, and investigating a separate issue uploading Stories.
— Instagram Comms (@InstagramComms) June 1, 2020
3/ We want to be clear that using #blacklivesmatter is supported and celebrated on Instagram, and we are moving quickly to ensure voices using this hashtag are heard.
— Instagram Comms (@InstagramComms) June 1, 2020
Les carrés noirs éclairent les zones d’ombre
Par ailleurs, les employés de Facebook ont mis en place une action d’arrêt de travail, afin de souligner leur colère contre l’inaction de leur entreprise contre les remarques incendiaires publiées par le président américain. Pour rappel, le même post qui est resté intact sur Facebook a été tagué comme contenu masqué pour apologie de la violence sur Twitter. Alors que plusieurs employés menacent de démissionner, Mark Zuckerberg a déclaré : «Nous avons examiné de très près le message qui a discuté des manifestations au Minnesota pour évaluer s’il violait nos politiques. Bien que le poste ait une référence historique troublante, nous avons décidé de le laisser parce que les références de la Garde nationale signifiaient que nous le lisions comme un avertissement concernant l’action de l’État, et nous pensons que les gens doivent savoir si le gouvernement prévoit de déployer la force. »
Enfin, en hommage à toutes les victimes de tous les racismes du monde entier, n’oublions pas que la tolérance ne devrait être qu’un état transitoire. Elle doit mener au respect. Tolérer c’est offenser.